Infco (Le projet informations codées)

La genèse du projet

 

Nous sommes au début des années 60. Une forte inflexion dans le développement de la consommation interne et dans l’expansion des réseaux à très haute tension se fait jour. La coordination de l’exploitation en temps réel devient de plus en plus complexe et nécessite une connaissance de plus en plus fine et de plus en plus rapide de l’état du système.

 

Les limites de la transmission analogiques des télémesures (voir à la station les TCM et le contrôle en action) ainsi que les nouvelles possibilités techniques (numérisation et codage) amènent à réviser complètement la conception des dispatchings et cette évolution implique « la refonte totale des systèmes de télémesures et de télésignalisations ».

 

Dès 1962, un groupe de travail transverse « les informations codées » est créé afin de définir les nouveaux besoins en matière de conduite du système, et ceux, en découlant au niveau de la transmission des informations.

 

Les principaux besoins vu de l’exploitation du système sont :

 

  • La mise à disposition de télémesure de puissance active, de puissance réactive et de tension sur les réseaux à très haute tension, avec une précision globale garantie de 1 %,
  • la transmission de ces mesures avec un délai inférieur à 10 secondes pour les télémesures et les télésignalisations,
  • la fourniture des informations sous forme d’affichage analogique d’une part et sur des mémoires compatibles avec l’entrée en ordinateur d’autre part.

Ils ont été complétés par ceux vu des télécommunications :

 

  • Disposer de deux voies de transmission avec commutation automatique ;
  • Une modulation impérativement limitée à 50 bauds (50 bits/sec) pour pouvoir utiliser les voies supra-phoniques existantes ;
  • Une captation et une transmission numériques, avec des codes de contrôle, pour satisfaire aux besoins de continuité et de sécurité des informations.
  • La facilité d’exploitation : l’interchangeabilité des éléments (provenant de divers constructeurs) est jugée essentielle.

 

La satisfaction des exigences exprimées s’est notamment traduite par :

 

  • l’adoption d’une codification des télémesures sur 8 bits, en code binaire en complément à 2,
  • une transmission cyclique sur un pas de dix secondes.

Il a noté que ces choix, dictés par les contraintes des années 60, ont été structurant pour la téléconduite en France jusqu’à nos jours.

 

La décision prise a également acté, de l’utilisation de l’électronique pour la transmission des données, ce qui, au vu du contexte de l’époque, était une position résolument tournée vers l’avenir…

 

 

La réalisation du projet

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La réalisation du projet

Les besoins clairement établis, une analyse du marché fait alors ressortir l’inadaptation de l’offre disponible. Un seul fournisseur dispose d’une offre qui s’approche des spécifications, mais pour éviter de lui donner une situation de monopole, il est décidé de faire réaliser des équipements sur la base de cahiers de spécifications techniques définis en interne.

 

Le projet s’est ensuite déroulé de 1962 à 1967.

 

1962 : Rédaction des cahiers des charges. Un des axes important a été la volonté d’une normalisation nationale, afin de faciliter la circulation des hommes et des matériels entre les différentes entités régionales. Les spécifications ont été conduites avec succès même si un certain perfectionnisme a amené des sur-spécifications.

 

1963 : Ces spécifications ont été suivies d’une phase de réalisation de prototypes et d’une installation expérimentale pour s’assurer, par la pratique, de la pertinen­ce des choix retenus et les enseignements tirés pour lancer la série. L’intention était de retenir deux constructeurs pour chaque élément de la chaîne d’informations en conservant ainsi un espoir de garder une concurrence commerciale.

 

1964 : la tête de série est installée au poste des tanneurs près de Nantes.

 

1965 : lancement de la production en série

 

1966-1971 : déploiement du projet, au-delà des gestes techniques, les unités régionales se sont fortement impliquées dans la préparation du déploiement du projet puis dans sa réalisation et notamment la formation des agents à des nouveaux matériels et surtout à une technologie encore peu répandue et la mise en place de structures de partage pour uniformiser la résolution des problèmes entre les différentes régions.

 

Le retour d’expérience mis en place a révélé peu de problème. Le système a fonctionné une quinzaine d’années sans défaillance notable. Puis, comme c’est la règle, l’obsolescence technique a eu raison de ce palier technique.

 


 

Une réussite ancienne mais des enseignements actuels !

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Dans un monde en plein bouleversement sociétal et technique, le projet a su se projeter vers l’avenir et faire des choix judicieux, sans aucune frilosité, grâce à une solide assise technique et une forte envie d’aller de l’avant :

 

  • Opter pour l’électronique encore naissante.

 

  • Engager la transition d’un monde analogique vers un monde numérique.
    • En se dotant des moyens et méthode pour minimiser les risques technologiques
    • En préparant les hommes et les femmes à cette mutation forte des métiers

 

  • Pallier les déficiences des fournisseurs

 

  • Pousser en avant la cohérence nationale dans un monde encore fortement régionalisé

 

Pour se convaincre des choix judicieux du projet, il suffit de constater qu’en 2014 :

 

  • la majorité des télémesures sont toujours transmises sur huit bits et avec une récurrence de dix secondes,
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