Le black out du 19 décembre 1978

LA PANNE DU 19 DÉCEMBRE 1978

La panne qui a affecté le 19 décembre 1978 une grande partie du réseau français a débuté à 8 h 26 à la suite du déclenchement de la ligne 400 kV Bézaumont (nord de Nancy) -Creney (Troyes). Elle s’est traduite très rapidement par une interruption totale de l’alimentation des clientèles domestiques et industrielles, à l’exception d’une partie de celles situées dans les régions du Nord, de l’Est, des Alpes, et du Sud-est.

 

La profondeur maximale de coupure a atteint environ 29 ± 1 GW sur un appel de consommation de 38,5 GW, soit 75 pour cent de la consommation non alimentée. L’énergie totale non distribuée est estimée à environ 100 GWh, soit moins de 13 % de la consommation normale de la journée, évaluée à 830 GWh.

 

L'incident de 8 h 26

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Dès 8 heures, le réseau apparaissait plus chargé que prévu puisque la puissance appelée atteignait 37,2 GW contre 36,2 dans la prévision établie la veille. Par ailleurs, la tension était faible dans le Nord et l’Est, n’atteignant déjà que 370 kV au poste de Creney près de Troyes.

 

Peu après, alors que sous la poussée de la consommation s’accroissaient les transits de l’Est vers la Région Parisienne, on constatait une nouvelle dégradation des conditions de fonctionnement du réseau avec apparition « d’alarmes-surcharge ». Une série de manœuvres est alors effectuée pour tenter d’y remédier, mais la situation continue à empirer et de nouvelles alarmes apparaissent qui entraînent un déclenchement automatique 20 secondes plus tard si la cause de la surcharge n’est pas effacée.

 

Alors que l’on cherche, en général, à maintenir la tension au-dessus de 400 kV dans les postes de ce niveau, elle n’est plus à 8 h 20 que de 352 kV à Vielmoulin (près de Dijon) et de 342 kV à Creney, les deux postes-clés des transits entre l’Est d’une part, la Région Parisienne et l’Ouest de la France, d’autre part.

 

A 8 h 21, une nouvelle manœuvre est engagée pour diminuer la charge de la ligne 400 kV Bézaumont-Creney (Nancy-Troyes), mais elle échoue, entraînant le déclenchement de la ligne 225 kV Bézaumont-Revigny par laquelle on espérait soulager la ligne Bézaumont-Creney 400 kV. On est alors ramené au schéma précédent, ce qui provoque à 8 h 26 le déclenchement par surcharge de la ligne 400 kV Bézaumont-Creney.

 

Un régime d’instabilité généralisé caractérisé par de fortes oscillations de la tension et du courant s’établit sur l’ensemble du réseau français à l’exception des régions de l’Alsace, de la Lorraine et des Ardennes qui restent électriquement liées au réseau de l’Europe continentale.

 

Cette instabilité sollicite les automates des plans de sauvegarde et certains automates d’exploitation qui séparent apparemment dans des conditions normales, d’une part le réseau français de l’Espagne et d’autre part le réseau français lui-même en zones autonomes.

 

Dans les zones autres que celles restées connectées au réseau européen, des phénomènes d’instabilité subsistent néanmoins, accompagnés de baisses importantes de tension et de fréquence. Un nouveau régime d’équilibre ne peut semble-t-il y être obtenu et les automates des groupes de production (à minimum de tension et à minimum de fréquence) les séparent du réseau.

 

Vingt-cinq groupes sont restés couplés dans le Nord et dans l’Est ; 16 ont réussi leur ilotage, prêts à un nouveau couplage ; les 67 autres ont déclenché.

 

Le réseau s’est trouvé partagé comme indiqué schématiquement sur la carte jointe selon une ligne passant par les villes d’Amiens, de Reims, de Nancy, de Besançon, de Vichy, de Lyon. A l’Est de cette ligne, le réseau est resté en grande partie sous tension, alimenté par les centrales de l’Est et des Alpes et par les interconnexions internationales.

 

Certaines parties du réseau du Sud-est fonctionnent à tension très faible (région de Tavel) ce qui provoque le déclenchement des groupes thermiques du Sud-est.

 

La reprise du service

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Le rétablissement d’un réseau ne pouvant être entrepris qu’en s’appuyant sur un réseau sain, la reprise du service a été effectuée en commençant par la région Nord, réalimentée à partir de la région Est.

 

Sur cette base élargie, put être progressivement engagé le retour à une situation normale. La réalimentation de l’ensemble de la clientèle s’est achevée à 13 h 45 malgré un retard dû au déclenchement de plusieurs lignes 225 kV et 400 kV survenu à 9 h 03 dans les Alpes du Nord.

 

Dans la Région Parisienne, la reprise de la consommation s’est faite au fur et à mesure du couplage des groupes thermiques, la R.A.T.P. étant totalement réalimentée entre 11 h et 12 h.

 

Dans la région Rhône Alpes, les consommations ont été réalimentées à partir de 9 h 30 ; elles étaient desservies en totalité à 11 h.

 

Dans la région Sud-ouest, la reconstitution des réseaux s’est faite d’une part à partir des liaisons 400 kV avec l’Espagne et avec l’aide des centrales hydrauliques d’autre part. La consommation a été réalimentée en totalité vers 12 h.

 

Dans la région Ouest, réalimentée à partir de la région parisienne, la clientèle a été desservie à partir de 10 h 30 ; l’alimentation était redevenue normale à 13 h 30.

 

La région Nord, recouplée au réseau 400 kV de la région Est à 9 h 03, a été réalimentée très rapidement.

 

La Basse Seine et la Normandie ont été réalimentées à partir de 10h; l’alimentation de ces deux régions été rétablie à 12 h 30.

 

En ce qui concerne la région Sud-est, la consommation de cette zone a été assurée dès 10 h 30.

 

Enfin, la région Est n’a pas été affectée par l’incident ; son alimentation est restée assurée par les centrales hydrauliques et thermiques locales ainsi que par les lignes d’interconnexion internationales avec l’Allemagne et avec la Suisse.

 

On peut remarquer que, en dehors de la région Est (entre Nancy et le Rhin) non affectée par l’incident, une partie de la région Nord et une partie de la région Sud-est ont été, relativement peu touchées par l’incident.

  • En grisé partie du réseau demeurée sous tension immédiatement après l'incident de 8 h 26

A la demande du Gouvernement, une commission d’enquête a procédé à une analyse détaillée des évènements qui se sont succédé le 19 décembre à partir de 8 h 26. Dans l’attente de ses conclusions rendues en mars 1979, la chronologie de ces évènements est présentée ci-dessus.

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